Essaimer

Une démarche pragmatique et sensible, centrée sur l’observation des usages…

Habiter l’espace

Rosetta. Transect urbain au fil du Thiou à Annecy

Explorer le quotidien et, dans le monde de l’urbain, comment se partage l’espace. Où est la limite entre privé et public, intime et extime, dedans et dehors. Comment peut-être on peut la bousculer ? Pour cela mon mode d’action privilégié est la marche à pieds, le parcours, le tracé, la coupe en ville ; parce qu’on est alors à l’échelle du corps et dans un temps qui permet de prêter attention à ce qu’il se passe à côté. S’intéresser au banal et au quotidien, au lieu commun, c’est ma façon d’interroger le monde, une forme de poésie. Jusqu’à se perdre parfois. Car c’est aussi une grande qualité pour une ville que de pouvoir s’y perdre. Une forme de confrontation au plan, car le plan est mouvant, élastique. Chacun en a sa propre représentation. Cela me permet de questionner le rapport possible entre un espace et ses usages, comment ils inter-agissent, comment ils s’informent l’un, l’autre. Pour retrouver un sens politique à nos villes, l’expérimentation sensible de l’artiste vient compléter l’approche plus technique de l’urbaniste, en assumant une part de subjectivité à l’exercice. Ce processus engage un questionnement permanent sur la ville, ses mutations, ses déplacements. Il n’y a pas de réponse standardisée. Parce que la ville est en mouvement, l’expérimentation ouvre à l’invention de nouveaux outils pour capter la ville vécue et la questionner, développer une analyse sensible et poétique du territoire, renouveler les manières de concevoir l’espace urbain. Regarder, écouter, sentir, toucher, cheminer en état d’étonnement, pour ménager les gens, les lieux, les choses. Développer des points de vue, enquêter, analyser le fonctionnement des lieux et des pratiques pour pouvoir «dessiner» les espaces, mais aussi interpréter les enjeux de chaque acteur pour une proposition globale pertinente et ancrée au territoire. Introduire de la complexité dans le projet pour lui donner de l’épaisseur, et pour offrir la possibilité de multiples lectures. Viser une sorte d’expérience esthétique dans l’agencement de ces différentes pratiques. Sortir du mainstream qui tend à lisser les propositions d’un bout à l’autre du globe.